Le petit garçon qui s'appelle Robert
Payen entre dans la classe le dernier en criant qui c'est qui veut voir ma
quéquette, qui c'est qui veut voir ma quéquette. Il est en train de reboutonner
sa culotte. Il a des chaussettes en laine beige. Ma sœur lui dit de se taire,
et pourquoi tu arrives toujours le dernier. Ce petit garçon qui n'a que la
route à traverser et qui arrive toujours le dernier. On voit sa maison de la
porte de l'école, il y a des arbres devant. Quelquefois pendant la récréation
sa mère l'appelle. Elle est à la dernière fenêtre, on l'aperçoit par-dessus les
arbres. Des draps pendent sur le mur. Robert, viens chercher ton cache-nez.
Elle crie fort de façon à ce que tout le monde l'entende, mais Robert Payen ne
répond pas, ce qui fait qu'on continue d'entendre la voix qui appelle Robert.
La première fois que Catherine Legrand est venue à l'école, elle a vu de la
route la cour de récréation l'herbe et les lilas au bord du grillage, c'est du
fil de fer lisse qui dessine des losanges, quand il pleut les gouttes d'eau
glissent et s'accrochent dans les coins, c'est plus haut qu'elle. Elle tient la
main de la mère qui pousse la porte. Il y a beaucoup d'enfants qui jouent dans
la cour de l'école mais pas du tout de grandes personnes seulement la mère de
Catherine Legrand et il vaudrait mieux qu'elle ne rentre pas dans l'école c'est
seulement les enfants, il faut lui dire, est-ce qu'il faut lui dire, et dedans
l'école c'est très grand, il y a beaucoup de pupitres, il y a un gros poêle
rond avec encore du grillage à losanges autour, on voit le tuyau qui monte
presque jusqu'au plafond, par endroits il est en accordéon [...]. Ça ressemble
à la maison sauf que c'est plus grand. Quelquefois on fait dormir les enfants
l'après-midi mais c'est pour rire. On met, tous, les bras croisés sur la table
et la tête dans les bras. On ferme les yeux. C'est défendu de parler. Catherine
Legrand ouvre de temps en temps un œil mais c'est défendu aussi. On chante tout
le temps des chansons en rang, à ma main droite y a un rosier qui fleurira au
mois de mai et on montre la main droite. Catherine Legrand regarde de ce côté,
on n'est pas au mois de mai, ainsi le rosier n'a pas encore poussé...
O rapazinho, de nome Robert Payen entra na aula em último
lugar e grita que quer ver a minha pilinha. Está prestes a braguilhar os
calções. Anda som soquetes de lã bege. A minha irmã diz-lhe para ele se calar e
recrimina-o por chegar sempre em último. Este rapazinho a quem basta atravessar
a rua chega sempre em último. Vemos a sua casa da porta da escola com árvores
em frente. Às vezes, durante, o recreio, a mãe chama por ele. Ela está na
última janela, dá-se conta atrás das árvores. Há
lençóis estendidos no muro. Robert, anda buscar o teu cachecol. Ela grita alto de
modo a que todos oiçam, mas Robert Payen não responde, o que nos obriga a
continuar a ouvir a voz que chama pelo Robert. A primeira vez que Catherine
Legrand veio à escola viu do caminho o recreio, a erva e os lilases à beira da
rede de arame, o fio de ferro que desenha losangos, quando chove, as gotas de
água deslizam e engancham-se nos cantos, é mais alto que ela. Ela segura a mãe
da mãe que empurra a porta. Há muitas crianças que brincam no recreio da escola
mas não há grandes pessoas apenas a mãe de Catherine Legrand e ele preferia que
ela não entrasse, a escola é só para crianças, é preciso dizer-lhe, será
necessário dizer-lhe, e dentro da escola é muito grande, há muitas carteiras,
há uma grande sala redonda ainda com cerca de arame e losangos em volta, vê-se
o tubo que sobe até ao teto, aqui e ali é um acordeão […] É parecido com a casa
mas é maior. Às vezes põem a dormir as crianças depois de almoço, mas isso é
para rir. Nós pomos, todos, os braços cruzados sobre a mesa e a cabeça nos
braços. Fechamos os
olhos. É proibido falar. Catherine Legrand abre de vez em quando um olho mas também
é proibido. Cantamos o tempo todo canções em fila, à minha direita há uma
roseira que florirá em maio e mostramos a mão direita. Catherine Legrand olha
deste lado, não estamos em maio, assim a roseira ainda não brotou…