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12 março 2023

sélima atallah

 

la peau rouge tiraille après une journée à la mer

le corps est vidé malgré les siestes qui se sont succédées sur les fwet ensablées. face à la

chaleur de l’air aucune chance de survie sans le secours de la mer. de l’eau qui coule du

matin au soir

humidifie la peau et irrigue les artères

entre les deux rives reliées en trainées de carbone annuelles

le jeu des différences

des montagnes si arides qu’elles semblent désertiques d’un côté plus tellement blanches

mais encore vertes de l’autres


à l’aéroport de Tunis déjà la familiarité qui attendrit et irrite et le chaos habituel du

tapis de bagages et sinon tout cela se ressemble comme toujours


suffocation à la table où les nœuds se serrent sous les amas de livres

les mots s’enchaînent et effleurent la gueule de bois

devenue si habituelle

qu’elle advient sans même boire

noyant

la matière sous un gris de brume


l’air est moite

le visage luisant comme celui d’unautre qu’on ne reconnait plus

la nesma

déspérément attendue

se refuse sans cesse

disparait dès qu’elle affleure


l’espoir de la voir assécher la sueur nourrit le manque d’elle


la peau pique et tiraille

brunit de part en part

et les traces du maillot comme une fringue blafarde

la sueur propre suinte des pores dilatés

tandis que le soleil brochette les organes


c’est du feu et pourtant il détend et rassure

enlevant tout le poids d’une année à Paris

c’est le seul endroit

où le corps maladroit

trouve un peu de quiétude

sans l’ennui de la vie qui n’a jamais sa place

sans le rêve d’en être qui se heurte aux hauts murs

ils creusent à l’intérieur

pleins de la haine du vide

rien ne reste du rêve de gravir les empires


ils sont creux des mensonges

des non-dits qu’on répète

des trous assimilés

comme pleins de vertus

et dans l’entre deux rives

la traversée carbone

affiche le mythe dans une clarté d’aumône


lézard sur le sable la peau se fait souffrance

et l’on se sent vivant enfin pour un instant

on dirait que maintenant la mort est trop loin

et le corps trop là même s’il se liquéfie

il fait beaucoup trop chaud

la chair semble fondre

mais elle n’importe plus

le corps n’est plus qu’une partie du décor

l’amant enlacé

au sol de Pompei


et puis les commentaires

litanie incessante

mouch normal el s5ana

3omri ma rit

yesser

yesser s5ana

trop

trop chaud

intolérable


de pièces en pièces

clims et ventilos

tempèrent les demeures et réchauffent les villes

et les douches vrombissent et vident les nappes vides


alors à chaque goulée qui coule dans le gosier

se dire que peut‑être dans quelques années

il n’y aura plus rien

juste de l’air sec

qui charbonnera le corps

petit fossile moulé dans la torpeur d’été


quand le champs de ruine

spolié comme une charogne

deviendra champs de cendre

infertile et mortel

que fera-t-on

des corps des indigènes


7170 Tunisin.e.s sont arrivé.e.s illégalement en Italie entre janvier et juillet 2022

39285 toutes nationalités confondues

plus d’un million de Tunisien.e.s vivent déjà à l’étranger

presque un dixième de la population totale du pays


combien serons-nous dans les cales de fortune

quand il fera trop chaud et qu’il n’y aura plus d’eau

que fera-t-on du corps des enfants

du corps de mes parents et de mes grands-parents

de tous les corps qui n’auront pas pu traverser

bdounet ajdedi wes7abi

chnowa dhanbhom

condamné.e.s car né.e.s du mauvais côté

celui où les papiers closent le monde


je pourrais me sauver

nemchi wen5alihom

mais que feront ces corps

enchaîné.e.s à leur rive

tous ces corps

dont la vie ne vaut rien


sillonner le monde n’est qu’à la portée

des corps dont les aïeux

ont cru

pouvoir

le posséder


c’est déjà beaucoup de se lever tous les matins

de se lever et de prendre la route du travail

de l’école

de la vie qui continue

qui continuera peut‑être sans vous


le café sifflé en vitesse

et les clopes qui grillent les poumons

champs de feu les poumons

labourés tous les ans à coup de cendres infertiles


tous les jours prendre la route qui ne mène à rien d’autre

qu’au creux du rien qui vous a vu naître

car vous n’êtes rien

jamais vous n’avez été plus

qu’un mythe

un mirage


en vous il n’y a rien de vrai

rien qui tient


en vous il y a le mensonge

en vous il y a l’autre

dans vos mots

dans vos fringues

dans votre crâne rasé

l’autre

la haine de l’autre

la haine de soi

la haine de la terreur qui vous écrase

et l’amour du joug qui s’abat


vous n’êtes rien sans le joug

sans l’idée que votre rive ne suffit pas

sans l’idée que vos ancêtres sauvages doivent tout à l’autre

qu’en fait l’envahisseur vous a fait du bien

et que ce n’est pas si mal

de ne pas parler la langue de ses ancêtres


qu’est-elle d’ailleurs cette langue folle faite de navires sanglants

cette langue qui se transforme de tout ce qu’elle emprunte

qui n’est pas officielle

mais qui vous habite

et habite le pays d’où vous venez et ses rues et ses tablées

cette langue dont on dit qu’elle n’existe pas

qui est un mythe

un mirage politique

comme vous


on vous a toujours dit que vous étiez mieux autre

car

votre corps n’est rien


un masque blanc parlant dans un français bourgeois

propre et cultivé poli comme un galet

il est l’incarnation

du bougnoule intégré


mais le corps reste brun et se heurte à la loi

sa naissance fait de lui un être qui demande

et à qui on peut

à tout moment

dire


non


votre corps n’est rien

il pourrait mourir au fond de la mer morte

devenir humus

et fumer les abysses

de ses rêves échoués


votre corps n’est rien

votre corps marche mort

de rive en rive il erre

sans pouvoir s’arrêter


il pourrait nager

longtemps

acharné

et il arriverait

du bon côté de l’eau

un uniforme blanc l’accueillerait alors et le renverrait

à sa rive fardeau


elle est belle pourtant

elle pourrait être rêve

si on ne l’avait pas

vidée de son histoire

condamnée à devenir

un pays où les lois

mettent les corps en bas

de l’échelle des droits


les lois sont le mythe

les corps sont réels

mais le mythe met des corps

au-dessus d’autres corps


la terre est à toues

et pourtant les corps meurent

car des lois leur refusent

le droit à la survie


un noyé se débat pour toucher le rivage

un brûlé court fou jusqu’à trouver de l’eau

et quand les bombes tombent

les corps fuient les débris

mais les frontières sont là

pour interdire la fuite

des murs coupent la terre qui devrait être libre

des corps uniformes vérifient les papiers

et les corps sans voix sont renvoyés là-bas

là où la mort de loin ne touche pas pareil


un.e migrant.e mort.e est un.e grand.e brûlé.e abandonné.e aux flammes jusqu’aux râles

d’agonies qui trouent ses poumons âcres


ce n’est pas la vie

ce n’est pas normal

c’est là où la justice devient illégale

c’est comme va le monde dans son ordre insensé mais c’est de la folie

un délire partagé

où les murs tuent


qui s’engagerait en mer

qui irait à la mort si sa terre n’était pas qu’un champ de ruine gâché

qui partirait sans croire que les sien.e.s ne valent rien

que lui-même ne vaut rien

un corps ensauvagé

pleins des trous de l’histoire aux mensonges vérifiés

pleins du creux de ne pas être

un corps qui vive libre


mon corps ne compte pas

les corps des mien.ne.s non plus

je viens d’une rive spoliée où nous vivons sans droits


les traces fondent sur le sable

elles sont trop délicates

et meurent sous les remous

et ainsi va la vie

quelques gouttes d’amour

dans une flaque de mort

corps désirs et rêves

disparus dans la nuit


bientôt on ne saura plus que vous avez été

bientôt on ne saura plus qu’Autre vous a bercé

que vos rêves sont à lui

vos désirs les siens

et vos luttes mourront

dans le reflux des vagues


bataille chaque jour

mais à la fin toujours

vous êtes l’autre de l’autre

le.a barbare droit et fier


sauvage éduqué.e

au sang traître à sa race

au sang traître à son cœur

à la marche du monde

cyborg de l’histoire

bug dans la matrice

marqué du sceau du sang

de la trace du joug

et des mots de l’école

qui remplacent les vôtres


l’école de la France

civilise les élites

les lave de la honte

qui coule dans leurs veines

car il manque à leur sang

les gouttes qui donnent le monde


dans mon sang il y a

les traces de l’Afrique

les traces de l’Asie

l’Arabie la Turquie coulent toutes dans mes veines

mais ma bouche

ma bouche

ne parle que la France

ma bouche se croit française

a honte de ne pas l’être

déteste cette honte

et rage contre la France

elle rage contre elle-même

quand remonte la honte

et elle s’insulte alors

avec les mots de l’autre


ma bouche ne connait

que les mots de l’autre

ceui qui ne veut pas de moi

qui ne veut pas que je dise

qu’iel ne veut pas de moi

qui veut que je l’ouvre

en quête de becquée

que je la ferme servile

prosternée à ses pieds


alors si tête haute je refuse le joug

je me lève le matin avec la peur au ventre

je me lève le matin je regarde ma chambre

le poster de Magritte acheté à Bruxelles

la femme à moitié nue

à moitié corps nuages

et je rêve au jour où on me condamnera

à rentrer au pays

qui ne me suffit pas


quand je ne pourrai plus voir de tableaux de corps nus

quand Bruxelles ne sera qu’un lointain souvenir

emporté par les files d’attentes des consulats

par les visas accordés seulement pour quelques mois

qu’on arrête de demander après trop de refus


parce que ça fait mal

parce que ça coûte cher

parce qu’on n’a pas besoin de Bruxelles pour survivre

parce qu’on n’a pas besoin des quais de Seine bondés les soirs chauds d’été


ça pue les quais de Seine

ça pue le métro

qui s’enchaine au boulot et au dodo

devient une purée de rêves déçus

qui suinte la haine de soi et les relents de bière

je hais les quais de seine

Paris Plage me dégoûte

c’est la chose la plus triste

la plus éloignée d’une plage que j’ai jamais vue

mais je sais que le jour où mon corps ne pourra plus y être

je me rappellerai de la chaleur du sol

qui fera bientôt fondre les semelles en plastiques

dans l’air fermé comme une fournaise dantesque

où flotte le pollen à toutes les saisons

et les effluves de pisse et de weed des rues sales


les rues où j’ai rêvé qu’un jour moi aussi

je serai


enfant de la France


parce que

je le suis

déjà

même si elle ne me reconnait pas


et chaque fois

chaque fois que j’ouvre les yeux dans mon lit parisien

chaque fois que je vois toutes les années passées dans ma ville

dans la seule ville où je me sens être en vie

je me rappelle que tout ça

ne tient qu’au fil du titre de séjour

du changement de statut

de l’APS barbare qui efface l’histoire


ma vie ne tient qu’au fil

des mots bureaucratiques et administratifs

qui font de vous

un chiffre

une donnée

une ligne qu’on pourrait à tout instant

biffer


que ferai-je

des livres qui s’amoncellent en monticules dans mon appartement du 14ème

arrondissement


combien de cartons peut-on porter les mains menottées au fond d’un vol charter


dans mon ventre un poing

un poing creusé

car je ne sais pas

je ne comprends pas


je ne sais pas

pourquoi

je n’ai pas le droit


car je ne comprends pas

pourquoi

l’autre m’a marqué.e

sans vouloir m’adopter


qu’en dites-vous chēs parents de mon dos courbé et de ma tête roide

étaient-ce vos rêves pour moi

quand comme toutes les élites

vous m’avez confié.e à l’école de la France




a pele vermelha remorde depois de um dia no mar

o corpo é esvaziado apesar das sestas que se sucederam em flagelos ensanguentados. face ao

calor do ar nenhuma hipótese de sobrevivência sem o socorro do mar. da água que flui de

manhã à noite

humedece a pele e irriga as artérias

entre as duas margens ligadas em rastos de carbono anuais

o jogo das diferenças

montanhas tão áridas que parecem desertas de um lado completamente brancas

mas ainda verdes dos outros


no aeroporto de Tunes já a familiaridade que aplaca e irrita e o caos habitual do

tapete rolante da bagagem e caso contrário tudo parece sempre igual


sufocação à mesa onde os nós se apertam sob os aglomerados de livros

as palavras encadeiam-se e entoam a ressaca

tornada tão habitual

que acontece sem sequer beber

afogante

o material sob um cinza de bruma


o ar está húmido

o rosto brilhante como o de um homem que já não reconhecemos

a companhia

desesperadamente esperada

recusa-se constantemente

desaparece mal aflora


a esperança de vê-la secar o suor alimenta a sua falta


a pele pica e puxa

acastanha-se de um lado ao outro

e as marcas do fato de banho como se fosse um fato azul

o suor limpo escorre dos poros dilatados

enquanto o sol espeta os órgãos


é o fogo e ainda assim relaxa e tranquiliza

tirando todo o peso de um ano em Paris

é o único lugar

onde o corpo desajeitado

encontra um pouco de tranquilidade

sem o tédio da vida que nunca tem lugar

sem o sonho de ser quem colide com as paredes altas

estão a cavar por dentro

cheios do ódio ao vazio

nada resta do sonho de subir os impérios


são ocos de mentiras

dos não-ditos que se repetem

dos buracos assimilados

como cheios de virtudes

e no entre de duas margens

a travessia de carbono

exibe o mito numa clareza de esmola


lagarto na areia a pele está a sofrer

e sentimo-nos finalmente vivos por um instante

parece que agora a morte está demasiado longe

e o corpo demasiado lá mesmo que se liquefaça

está muito calor

a carne parece derreter

mas já não importa

o corpo é apenas uma parte da decoração

o amante abraçado

no chão de Pompeia


e depois os comentários

litania incessante

mouch normal el s5ana

3omri meu rito

programa yesser

yesser s5ana

demasiado

demasiado quente

intolerável


de salas em salas

ar condicionado e ventiladores

temperam as casas e aquecem as cidades

e os chuveiros vibram e esvaziam as toalhas de mesa vazias


então, por cada gota que corre na traqueia

pensar que talvez daqui a uns anos

não haverá mais nada

que não seja ar seco

que carbonizará o corpo

pequeno fóssil moldado no torpor do verão


quando o campo da ruína

espoliado como um cadáver

se tornar campo de cinzas

infértil e mortal

o que faremos

com os corpos dos indígenas


7170 Tunisin.e.s chegaram ilegalmente à Itália entre janeiro e julho de 2022

39285 de todas as nacionalidades confusas

mais de um milhão de tunisin@s já vivem no estrangeiro

quase um décimo da população total do país


quantos estaremos nos porões da fortuna

quando estiver muito calor e não houver água

o que acontecerá com o corpo das crianças

do corpo dos meus pais e dos meus avós

de todos os corpos que não conseguiram atravessar

bdounet ajdedi wes7abi

chnowa dhanbhom

condenad@s por nascer no lado mau.

aquele em que os papéis fecham o mundo


podia salvar-me

nemchi wen5alihom

mas o que farão esses corpos

acorrentad@s à sua margem

todos esses corpos

cuja vida não vale nada


percorrer o mundo está apenas ao alcance

dos corpos cujos antepassados

acreditaram

poder

possuí-lo


Já é uma tortura acordar todas as manhãs

levantar-se e apanhar a estrada para o trabalho

da escola

da vida que continua

que continuará sem vocês


o café assobiado em velocidade

e os cigarros que queimam os pulmões

campos de fogo os pulmões

lavrados todos os anos com cinzas inférteis


todos os dias apanhar a estrada que só leva

ao oco do nada que nos viu nascer

porque tu não és nada

nunca foste mais

que um mito

uma miragem


não há nada real em ti

nada a reter


é em vós a mentira

em vós há o outro

nas vossas palavras

nas vossas roupas

na vossa cabeça rapada

o outro

o ódio ao outro

o ódio a si mesmo

o ódio do terror que vos esmaga

e o amor pelo jugo que se abate


nada sois sem o jugo

sem a ideia de que a vossa margem não é suficiente

sem a ideia de que os vossos ancestrais selvagens devem tudo ao outro

que na verdade o invasor vos fez bem

e que não é assim tão mau

não falar a língua dos antepassados


o que é, aliás, essa língua louca feita de navios sangrentos

essa língua que se transforma com tudo o que empresta

que não é oficial

mas onde vocês moram

e vive na terra de onde vocês vêm e nas suas ruas e mesas

a língua que se diz não existir

que é um mito

uma miragem política

como vós


Sempre vos disseram que era melhor ser outro

porque

o vosso corpo não é nada


uma máscara branca falando em um francês burguês

limpo e cultivado polido como um seixo

é a encarnação

do defeito integrado


mas o corpo permanece castanho e colide com a lei

o seu nascimento faz dele um ser que pergunta

e a quem se pode

a qualquer momento

dizer


não


o vosso corpo não é nada

pode morrer no fundo do Mar Morto

tornar-se húmus

e fumar os abismos

dos seus sonhos encalhados


o vosso corpo não é nada

o vosso corpo caminha morto

de margem a margem vagueia

sem conseguir parar


poderia nadar

muito tempo

encarniçado

e chegaria

do lado certo da água

um uniforme branco acolhê-lo-ia então e devolvê-lo-ia

à sua margem de fardo


ela é linda no entanto

ela podia ser um sonho

se não a tivéssemos

esvaziado da sua história

condenada a tornar-se

um país onde as leis

colocam os corpos no porão

da escala dos direitos


as leis são o mito

os corpos são reais

mas o mito coloca corpos

em cima de outros corpos


a terra está a dar o berro

e mesmo assim os corpos morrem

pois as leis não lhes permitem

o direito à sobrevivência


um afogado luta para tocar a costa

um queimado corre louco até encontrar água

e quando as bombas caem

os corpos fogem dos destroços

mas as fronteiras estão lá

para proibir a fuga

paredes cortam a terra que devia ser livre

corpos de uniformes verificam os papéis

e os corpos sem voz são enviados de volta

onde a morte à distância não é igual


um(a) migrante morre e é um(a) grande queimad@ abandonad@. e em chamas até aos rugidos

de agonias que lhe furam os pulmões


não é a vida

não é normal

é aí que a justiça se torna ilegal

é como o mundo anda na sua ordem insana, mas é loucura

um delírio compartilhado

onde as paredes matam


quem se envolveria no mar

que iria para a morte se a sua terra não fosse apenas um campo de ruína arruinado

que não acredita que os seus não valem nada.

que ele próprio não vale nada

um corpo enselvajado

cheio de buracos na história com mentiras verificadas

cheio de vazio para não ser

um corpo que vive livre


meu corpo não conta

os corpos dos meus também não

venho de uma costa despojada onde vivemos sem direitos


os sulcos escrevem-se na areia

são demasiado delicados

e morrem sob as ondas

e assim vai a vida

algumas gotas de amor

numa poça de morte

corpos desejos e sonhos

desaparecidos durante a noite


em breve não saberemos que estiveram

em breve, não saberemos que Outro vos embalava

que os vossos sonhos são dele

os vossos desejos, são os dele

e as vossas lutas morrerão

no refluxo das ondas


batalha todos os dias

mas no final sempre

és o outro do outro

@ bárbar@ direito e orgulhoso


selvagem educad@

no sangue traidor da sua raça

com sangue traiçoeiro no seu coração

na marcha do mundo

ciborgue da história

escaravelho na matriz

marcado com o selo do sangue

pelo traço do jugo

e pelas palavras da escola

que substituem as vossas


a escola da França

civiliza as elites

lava-as da vergonha

que corre nas suas veias

porque lhes falta no sangue

as gotas que dão o mundo


no meu sangue há

as marcas da África

as marcas da Ásia

a Arábia e a Turquia correm nas minhas veias

mas a minha boca

a minha boca

só fala França

a minha boca acha que é francesa

tem vergonha de não o ser

odeia essa vergonha

e raiva contra a França

enfurece-se contra si mesma

quando vem a vergonha

e então ela insulta-se

com as palavras do outro


a minha boca só conhece

as palavras do outro

que não me quer

que não quer que eu diga

que ele não me quer

que quer que eu a abra

à procura de bicarbonato

que eu a cale servil

prostrada aos seus pés


Então de cabeça erguida recuso o jugo

Levanto-me de manhã com medo no estômago

Levanto-me de manhã e olho para o meu quarto

o poster de Magritte comprado em Bruxelas

a mulher meia nua

meio corpo de nuvens

e sonho com o dia em que me condenarão

a voltar para a casa

que não me chega


quando já não conseguir ver quadros de corpos nus

quando Bruxelas não passar de uma memória distante

na leva das filas dos consulados

por vistos concedidos apenas por alguns meses

que paramos de pedir depois de demasiadas recusas


porque dói

porque é muito caro

porque não precisamos de Bruxelas para sobreviver

porque não precisamos de cais di Sena cheios em noites quentes de verão


cheiram mal os cais do Sena

cheira mal o metro

que se prende ao trabalho e ao dormir

torna-se um puré de sonhos decepcionados

que exala ódio próprio e bafo de cerveja

odeio os cais do sena

Paris Plage me enoja-me

é a coisa mais triste

mais longe de uma praia que alguma vez vi

mas sei que no dia em que o meu corpo já não puder lá estar

lembrar-me-ei do calor do chão

que em breve derreterá as solas de plástico

no ar fechado como uma fornalha dantesca

onde o pólen flutua em todas as estações

e os cheiros de mijo e erva das ruas sujas



as ruas onde sonhei que um dia também eu

serei


criança da França


porque

sou

mesmo que ela não me reconheça


e cada vez

cada vez que abro os olhos na minha cama parisiense

cada vez que vejo todos os anos passados na minha cidade

na única cidade onde me sinto estar em vida

lembro-me que tudo isto

depende apenas do período de validade da autorização de residência

da alteração do estatuto

da APS bárbara que apaga a história


a minha vida está reduzida ao fio

das palavras burocráticas e administrativas

que fazem de ti

um número

um dado

uma linha que poderíamos a qualquer momento

bifurcar


que farei

livros que se atordoam em montículos no meu apartamento no 14º

bairro


Quantas caixas podemos levar com as mãos algemadas no fundo de um voo charter


no meu ventre um punho

um punho cavado

porque não sei

não compreendo


não sei

por que

não tenho direito


porque não compreendo

porquê

o outro me marcou

sem me querer adoptar


que dizeis disso queridos paism das minhas costas e da minha cabeça dura

eram esses os vossos sonhos para mim

quando como todas as elites

Me entregarastes à escola da França