Trains
Le
paysage défile comme un Jackson Pollock, vaches en pointillés,
nuages étirés, taches tournesols et rails déformés. La fenêtre
froide se colle à mon oreille et j’entends tatactater la bête
humaine.
Tatactatoum,
tatactatoum, tatactatoum.
Je
ne suis pas Eva Marie Saint, je n’ai ni la mort aux trousses ni les
baisers de Cary Grant. Il n’y a derrière la vitre que ces paysages
de cartes postales, cette campagne d’après-guerre, ces empreintes
ferroviaires : une vache, un château, une église, un âne, une
vieille mobylette ou un train à la retraite, de l’herbe à perte
de vue, des champs de coquelicots, un village suspendu, la
dame-blanche, un mouton ou peut-être une chèvre, un autre
coquelicot, une jupe en corolle, une canette de soda, un plastique,
une poubelle, un néon, un flash.
Tatactatoum,
tatactatoum, tatactatoum.
Je
ne suis pas Celia Johnson dans Brève rencontre à attendre jeudi
prochain, jeudi prochain, jeudi prochain, les amours interdites dans
un petit café. Il n’y a derrière la glace que d’amers paysages
qui se répètent et défilent et reviennent et repassent et tournent
et recommencent et les vaches se ressemblent et la neige dissimule
les pas des loups, des ogres et des sorcières.
Tatactatoum,
tatactatoum, tatactatoum.
Je
ne suis pas Marilyn Monroe dans Certains l’aiment chaud. Il n’y a
devant mes yeux que d’immenses pâtis, rocailles et herbes folles
que les cornes ébahies ruminent méthodiquement.
Tatactatoum,
tatactatoum, tatactatoum.
Défilent
les kilomètres, le Nord est encore loin.
Cent-cinq
virgule huit, nous arriverons demain.
Comboios
A paisagem desfila como um Jackson Pollock, vacas en pontilhismo,
nuvens alongadas, manchas girassóis e carris deformados. A janela
fria cola-se-me no nariz e oiço a agitação do animal humano.
Pouca terra, pouca terra.
Não sou Eva Marie Saint, não estou A Intriga Internacional nem
recebo os beijos de Cary Grant. Para lá do vidro, paisagens de
postal, sinos de entre-guerras, impressões ferroviárias: uma vaca,
um castelo, uma igreja, um burro, uma velha motoreta ou um comboio a
vapor, ervas infinitas, campos de papoilas, aldeias suspensas, a
autoestrada fantasma, ovelhas, talvez cabras, outra papoila, uma saia
em corola, uma lata, uma bolsa de plástico, uma lâmpada de néon,
um flash.
Pouca terra, pouca terra.
Não sou Celia Johnson no Breve Encontro esperando a próxima
quinta-feira, a próxima quinta-feira, a próxima quinta-feira, o
amor proibido num café. Por trás do vidro, amargas paisagens que se
repetem e desfilam e voltam a passar e giram e recomeçam e as vacas
são semelhantes e a neve oculta os passos de lobos, ogres e bruxas.
Pouca terra, pouca terra.
Não sou Marilyn Monroe em Quanto Mais Quente Melhor. Diante dos
meus olhos imensos pastos, pedras e ervas daninhas que cornos
estupefactos ruminam, metodicamente.
Pouca terra, pouca terra.
Desfilam os quilómetros, o Norte ainda distante.
Cento e cinco vírgula oito, chegaremos amanhã.